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L'Alsacien

L’Alsace et l’alsacien... un problème de minorité ethnique…

 

                Ce sujet devrait intéresser en premier lieu les alsaciens et ceux, qui sont liés aux alsaciens par les liens du mariage ou les liens d'une fonction publique en tant qu'éléments originaires d'une autre province de France.

                Que d’encre (et de sang) ont coulé sur ce terroir sacré ! sans apporter « in fine »" une solution heureuse et définitive pour tous : les autochtones et ceux qui prétendent être leurs maîtres ! Ces derniers, semblent toujours ignorer une bonne partie sinon la plus importante des origines, les 'us et coutumes", l'atavisme inévitable, le caractère farouche, l'esprit indomptable, la fierté inébranlable et la dignité innée de cette race dont les origines remontent à trois millénaires.

              En remontant aux sources, il faut savoir que les Celtes ont contribué eh cet endroit à l'implantation d'un spécimen humain (il y eut croisement avec les robustes descendants néolithiques de la place) résistant à toute altération caractérielle héréditaire, malgré les nombreux contacts avec d'autres races qui se sont produits successivement en Alsace à travers l'histoire. I1 y eut les Romains, les Alamans, les Germains, les Gaulois, les Francs, les Barbares, les Huns, les Saxons, les Allemands, et j'en oublie certainement, qui tour à tour ont dominé, civilisé, disséminé, ravagé, intégré, colonisé ou martyrisé l'Alsace, les Alsaciens.

                Et pourtant, malgré les pires violences et destructions guerrières, ce pays ne put jamais être réduit à une terre stérile ou à l'état d'une race éteinte. Les maitres venaient, passaient, succédaient et disparaissaient, La race en cette Alsace subsistait, se reformait, survivait. Le cœur alsacien continue de battre parmi les peuples, l’âme alsacienne continue de planer au dessus de toute tribulation. L'esprit alsacien continue de se manifester malgré toute influence extérieure.                                                                                                                        

                Et son propre parler, son dialecte (qui a peu à voir avec la langue allemande), est un manifeste vivant qui plut ou déplut toujours aux uns ou aux autres ! Et celui qui prétend avoir le droit de combattre ce dialecte, de l’interdire comme cela a déjà été le cas, ou de le blâmer, salit sa conscience et s'abaisse au niveau d’intrigant corrompu au nom d'une idéologie politique, encore que je ne crois pas que le gouvernement français ai pu, ou puisse prendre des' mesures spécifiques à l'abolition du dialecte alsacien. Je crois plutôt à certains esprits malsains qui nourrissent une ingérence  erronée et nuisible aux provinces d'Alsace:

                Comment, la France pourrait elle s'abaisser dans une lutte qui amènerait une langue contre un dialecte, alors qu'il  lui suffit de maintenir un contingent de fonctionnaires cadres supérieur et moyen de l’intérieur eu place à tous les niveaux de vie en Alsace et qui amènera inexorablement l’extinction de son dialecte ! Cette extinction se fera d'autant plus vite qu'une grande partie de sa population n'affecte aucun amour profond pour son dialecte qui a ses racines dans l'ancienne langue alamane et que l'on aime trop par ailleurs assimiler à l'allemand. Cette partie de la population se sent plus d'affinité de caractère avec la France, ou du moins s'en persuade, qu'avec l’Allemagne.

                Soixante ans après la dernière guerre mondiale, pendant laquelle les allemands se sont rendu méprisables plus que dans nulle autre phase de son histoire dans l'a province voisine l’Alsace, on éprouve encore une sorte de répulsion pour la langue allemande et on aime parler le français avec une certaine fierté, sans pour autant être encouragé par les concitoyens de l'intérieur ou au moins être épargné de leurs basses moqueries en ce qui concerne leur accent. Ils se fâchent surtout lorsqu'on ose assimiler leur patois avec l'allemand. Ils sont nombreux les français d'Alsace qui ne pardonneront jamais à leurs concitoyens de l'autre coté des Vosges de se moquer d'eux en les traitant de tarés germaniques sans autres arguments que celui de leur parler. Mais historiquement vu, ils n’ont pas toute à fait tort. L’Alsace à appartenu au Saint Empire romain germanique, assez longtemps et plus qu’à la France, pour que son caractère s’imprègne inévitablement de sa culture, qui avait atteint son apogée sous les Hohenstaufen.

                En ce qui concerne la valeur ethnique du dialecte alsacien, je pense que du fait que l'Alsace a choisi librement l'adhésion à la France, à part entière, celle-ci ne doit plus soulever pour l’avenir d'handicap ou d'antagonisme de caractère moral, culturel, social ou politique dans le schéma national français. De ce fait, il faut se dire que le dialecte alsacien n'est ni à abolir ni a cautionner spécialement soit de l'intérieur, soit de l’extérieur de son territoire, mais à laisser à la libre disposition des ressortissants alsaciens enracinés, avec les égards dus et semblables à ceux accordés par l'État en ce.qui concerne les différentes confessions,

                Il est indéniable que l'Alsace présente un caractère ethnographique particulier en pleine évolution. En effet, il y a toujours plus de mariages entre descendants alsaciens et de descendants d'autres provinces de France. De ce fait le dialecte alsacien est voué au fractionnement. Il est certain que les belles familles d’autres provinces de France ne voient aucun intérêt à ce que leurs petits enfants apprennent le dialecte alsacien mais elles veillent bien à ce qu’ils assimilent parfaitement le français, désormais leur langue maternelle. Arrivera le jour où le dialecte alsacien ne sera plus qu'une ramification d'une langue ancienne refoulée dans un milieu rural limité, une sorte de réserve. Reste à savoir, si par intérêt de sauvegarde des valeurs ethniques le gouvernement français entend favoriser un certain entretien du dialecte alsacien par des pouvoirs spéciaux accordés aux organes culturels et artistiques pour les provinces du Bas-Rhin et du Haut-Rhin...? Pour l’heure, ce n'est pas le cas. Les écrivains alsaciens, par exemple, trouvent portes closes aux maisons d'édition et sont évincés par les « Helegeloffene », comme disent les Alsaciens, pour désigner les concitoyens d'ailleurs venus s'installer en Alsace.

                En ce qui concerne le caractère spécifiquement alsacien, je crois que la mutation linguistique ne peut l'affecter. Un changement de caractère alsacien et par voie de conséquence de ses valeurs culturelles et artistiques est en premier lieu une affaire politique au sens le plus large, c'est-à-dire ingérence morale idéologique et économique Mais un système démocratique doit garantir à l'Alsace assez de liberté individuelle et le respect des "droits de l'homme», de manière à ce que son caractère ne puisse être affecté, diminué, voir invalidé.    

                De là, nous arrivons au bilinguisme en Alsace. I1 faut de suite avertir les personnes malintentionnées qu'il n'est nullement question d'un bilinguisme franco-allemand inné en Alsace et que le fait de parler le patois alsacien en dehors de la langue française, ne permet en rien d'affirmer que les alsaciens connaissent l'allemand. Je ne veux pas m'aventurer dans une comparaison rhétorique et étymologique du dialecte alsacien et de la langue allemande qui démontrerait finalement qu'il y a une méprise fondamentale au sujet-de cet antique patois alsacien. Les alsaciens tout comme leurs compatriotes de l'autre coté des Vosges doivent fournir un sérieux effort et s'appliquer avec beaucoup de persévérance pour s'acquérir une maîtrise de la langue allemande. Ceux en Alsace. qui savent lire et prononcer l'allemand sans fautes, l'ont appris sagement à l'école ou par suites historiques qu'il est inutile d'énumérer, et je fais partie d'une génération qui bon gré mal gré a appris l'allemand avant ou après une guerre, c’est à dire avant ou après le français. I1 n'est pas étonnant que les allemands ne comprennent généralement que quelques mots de notre dialecte pas plus de celui de leurs concitoyens badois qui est pratiquement le même. Le seul avantage des jeunes alsaciens qui parlent encore le dialecte, est que la phonétique de leur dialecte est proche de la phonétique de la langue allemande et que de ce fait ils s’expriment plus correctement que les étudiants français.

                En définitif, l’Alsacien se voit contraint  de s'enfermer chez lui et de se refermer sur lui pour pouvoir s'exprimer librement ou ne pas s’exprimer du tout. C'est une situation bien triste pour une entité ethnographique, tiraillée sans cesse au long des siècles vers l'une ou l'autre langue écrite suivant la nation qui la domine .Il est déplorable, aujourd'hui encore, que l'on vienne en Alsace chez les alsaciens sans vouloir s'instruire d'abord sur ce qu'est l'Alsace et ce que sont les alsaciens. On annexe l'Alsace, mais on n'enseigne pas l'histoire de l'Alsace. 0n accepte l'Alsace mais on n'aime pas l’alsacien. On traite toujours l'Alsace de façon particulière mais on manque généralement de respect envers cette entité raciale. De cette prise de position tutelle aveugle et sourde il, résulte aujourd'hui comme par le passé, pour cette Alsace et ses alsaciens l'âme attachée à leur terroir et le cœur offert à la France; une certaine amertume voir réticence face aux maîtres de l'heure, les hommes politiques, surtout ceux qui se dévouent inconditionnellement à une politique centraliste (de l'intérieur, pour reprendre la formulation populaire, désignant nos concitoyens d'au-delà de là ligne bleue des Vosges).

Le patrimoine le plus précieux d’un peuple est sa langue. Détruire sa langue c’est le priver de sa culture. C’est ce qui est arrivé à l’Alsace en 1945.



15/05/2014
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