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A propos d'une charte linguistique...

A propos de la charte  de Pierre Klein :

 

Je suis signataire de votre charte.

                Mais ce ne sont pas des déclarations sur papier ou paroles de politiques qui sauveront ce qui reste encore à sauver de notre culture alsacienne dont le support est son dialecte.

                Les alsaciens qui peuvent encore parler alsacien, sont de moins en moins nombreux, et ils parlent de plus en plus français, d’abord ! Avec qui peuvent-ils parler alsacien ? Leurs grands parents alsaciens sont morts. Leurs parents ont été forcés d’apprendre le français pour être considérés de citoyens français. On leur a même interdit de parler alsacien, au sortir de la dernière guerre qu’ils avaient à subir, pour raison historiques françaises.

                Sous le second empire, on maintenait bien le bilinguisme en Alsace et le dialecte alsacien était officialisé, première langue administrative. L’allemand était la première langue étrangère obligatoire à partir du secondaire.

Sous le Kaisereich auquel ils ont échoués pour raisons historiques françaises, il n’y avait pas de problèmes pour le parler alsacien. Trop heureux de les avoir retrouvés au sein de leur empire, les Prussiens les ont encouragés et soutenus pour la sauvegarde et la transmission de la culture ancestrale  alsacienne. Et le propagandiste Hansi cachait bien des réalités historiques en déployant une image licencieuse de l’Alsace.

                Pour des  raisons historiques françaises, les alsaciens ont du changer quatre fois de nationalité en un demi siècle. La France n’a-telle pas une dette envers l’Alsace et les alsaciens de souches ? La République ne doit elle pas des égards à l’encontre des alsaciens, laissés pour compte, suite à l’histoire de France ? La France n’a-telle pas le devoir de sauver et de promouvoir la culture alsacienne et son support, son propre parler, le dialecte alsacien ?

                La France n’a-elle pas intérêt à promouvoir l’Allemand à partir du primaire en Alsace, région voisine du Land Bade Wurtemberg, pour raison d’échange de main d’œuvre bilingue ?

                Comment la France peut-elle être aussi négligente, pour ne pas dire indifférente, pour laisser filer une opportunité d’avenir dans le cadre des futurs «  États-Unis d’Europe », en ce qui concerne  la région Alsace. Car l’avenir de l’Europe doit aboutir un jour à la formation des « États-Unis d’Europe ». Et alors, sa richesse  multiculturelle, comme économique et sociale, reposera sur sa diversité linguistique, de l’Ouest à l’Est et du Nord au Sud.

                La charte ne vaut rien, tant que les responsables du gouvernement centraliste de Paris, ne se débarrassent pas de leurs œillères.

 

Roger FORST

                Strasbourgeois de naissance et alsacien de souches paternelles et maternelles. Auteur de 36 ouvrages, en français, allemand et alsacien. www.forst-roger.com

 

 

Un article à la suite de l’appel de Pierre Klein

pour une charte linguistique en 2012 :

 

UN MANIFESTE ALSACIEN

 

                Le gouvernement français centraliste de Paris, en 1945, a muselé les alsaciens en étouffant leur dialecte et en implantant, bien plus que le parler français, le penser français !

                Il fallait à tout prix éradiquer le support culturel alsacien qui véhicule un patrimoine  dont les racines remontent au Saint empire romain germanique des Hohenstaufen.

                Il fallait faire des alsaciens, de vrais français ! Pas question de promotion d‘autonomie culturelle alsacienne par l’école, la radiodiffusion, la littérature dialectale.

                La radio autonome de Strasbourg fut fermée. La littérature dialectale  fut écartée de la diffusion des médias. Le « Nouvel Alsacien » fut privé de subvention. La bourse autonome de Strasbourg fut dissoute. Le port autonome de Strasbourg fut séquestré. Tout ce qui présentait un caractère autonome alsacien fut aboli et dirigé dorénavant par les tenants du gouvernement centraliste de Paris.

                Même la Loge de l’œuvre Notre Dame de Strasbourg, dont le statut fut respecté à travers les siècles par tous les conquérants européens, dont Napoléon et même Hitler, a été violée et mise récemment sous tutelle par l’État français. Dorénavant, ce n’est plus la Ville de Strasbourg qui place l’architecte en chef à la tête de sa loge d’Œuvre Notre Dame, mais le ministère des monuments historique de Paris !

                Autant dire, que la gestion d’entretien de la cathédrale aura à souffrir d’autres priorités par ce dernier. Versailles d’abord ! On revient au temps de Louis XIV, l’égocentrique ! Et Paris nombril du Monde ! L’ancien régime !

                On est bien loin aujourd’hui, des égards dus à l’Alsace, faute des politiques à la française, désastreuses, et les conséquences douloureuses qu’elle avait à subir.

                Arrogance et dédain, sont du lot qui échoit à l’Alsace de l’autre coté de la ligne bleue des Vosges, où jadis, des alsaciens ont versé leur sang en espérant une France clémente, attentionnée et bienveillante pour une Alsace malmenée au cours de l’histoire de France.

                Adieu donc au dialecte alsacien, support de sa culture et du lien qui unissait les alsaciens, face à toute adversité. Adieu à sa littérature dialectale, pour laquelle, les portes des maisons d’édition restent closes. Adieu aux auteurs d’expression dialectale, pour qui, il n’y a pas de place dans la sainte chapelle académique de France.

               

                Alors on nous propose une « Charte linguistique » une sorte de mendicité culturelle adressée à un gouvernement français dont les dirigeants semblent oublier l’histoire de l’Alsace ou ne veulent pas en entendre parler. Pire, ils oublient les désastres de 1870 et de 1940 dont la France était et restera responsable des suites néfastes pour l’Alsace. Car c’est la France qui a abandonné l’Alsace en 1870 et en 1940, avec toutes les conséquences que cela représentait pour les Alsaciens.

                Louis XIV a annexé l’Alsace manu militaris après avoir ravagé son terroir et tué ses originaires pendant 30 ans. Mais il faut lui accorder le respect pour ce qu’il a fait en Alsace et que la France d’aujourd’hui ne fait pas : le maintien de son dialecte, l’enseignement de l’allemand autant que du français, le bilinguisme assuré à tous les niveaux administratifs et culturels.                                         

                En 1870, les français nostalgiques-napoléoniens, se sont laissés entrainer dans une guerre d’égocentrisme impérial aveugle. Et c’est l’Alsace qui a du payer le prix d’une séparation d’un demi siècle de la France. Ce qui signifiait l’assimilation inévitable de la culture qu’elle a connu durant tout le moyen âge du Saint empire romain germanique. Le régime prussien a soutenu et promu la culture proprement alsacienne. Les Stöber nous ont transmis tout un héritage.

                En 1919, la France a pu enfin, après cinquante ans, récupérer l’Alsace au prix de lourds sacrifices humains et économiques, dont l’Alsace a payé son tribu. Mais il faut reconnaître, que la France d’alors, avait respecté les Alsaciens, leur dialecte et leur bilinguisme à tous les niveaux administratifs et culturels.

                En 1945, la France a pu, encore une fois et grâce au soutien de l’Amérique et de l’Angleterre, récupérer l’Alsace. Mais elle a interdit le parler alsacien au niveau de l’enseignement. Elle est allé jusqu’à punir les petits alsaciens qui parlaient leur langue d’origine pendant la récréation. Elle a tout fait pour éradiquer l’identité alsacienne, son dialecte, son bilinguise et sa culture.

                Et alors il nous faudrait une charte linguistique ?!!! pour quelque chose que la France nous doit, à nous les Alsaciens de souche, pour du, et pour compensation à tous les déboires que l’Alsace a connue au cours de l’histoire de France, où elle a été intégrée de gré ou de force !

                Non, mais c’est à mourir de rire ou de pleurs ! Ce n’est pas une charte linguistique qu’il nous faudrait, mais un réquisitoire contre la France et son gouvernement. Contre son oubli ou son ignorance, contre son arrogance, contre ses manquements les plus fondamentaux, qui sont les Droits de l’Homme, dont elle s’en orgueillit.

                Monsieur Pierre Klein, et les personnalités qui veulent s’aventurer pour un bout de papier, feraient mieux de dresser un réquisitoire historique et engager des avocats pour attaquer la France et son gouvernement, pour la restitution des droits et privilèges, qui étaient accordés à l’Alsace par Louis XIV, Louis XV, Napoléon I, Napoléon III, et la troisième République française.

 

Roger FORST, écrivain alsacien. (www.forst-roger.com)

Strasbourg le 15 octobre 2012.



09/06/2014
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